Retour sur le printemps arabe : conférence
Michel Monod, membre du Comité du CENAC, vous fait part de sa consternation quant à la critique d’un grand politologue et théoricien de la non-violence :
J’ai entendu à Uni Mail lors d’une conférence sur le printemps arabe que les mouvements de foule avaient été fomentés par des militants non violents formés en Serbie par des activistes venus des Etats Unis. Ils appartiendraient au mouvement Outpoor le poing levé. Cette image apparaît sur les banderolles dans les manifestations qui se sont succédées dans les pays arabes. Le conférencier dénonçait l’administration américaine pour avoir financé ces activistes et rendait responsable Gene Sharp auteur américain d’un ouvrage sur l’action non violente de tous les morts qui ont résulté.
En tant que militant non violent je suis choqué par cette dénonciation abusive d’un auteur que j’admire au même titre que Thoreau, Gandhi ou Martin Luther King. Si l’administration US a essayé d’envoyer des activistes non violent pour encadrer des militants dans les pays arabes afin de renverser des potentats cela vaut mieux que des marines et des vaisseaux de guerre. Il faut saluer ce nouveau type d’intervention non armée tout en déplorant l’ingérence dans un pays étranger. Gene Sharp ne peut être tenu pour l’initiateur de cette ingérence.
Je regrette évidemment les morts qui ont résulté de ces manifestations en Lybie, en Egypte et surtout en Syrie avec les déplacements de population. J’aurais souhaité que ces rassemblements de foule produisent des changements politiques dans chaque pays comme en Tunisie. En fait ces foules ont été infiltrées par des éléments armés qui ont dénaturé le caractère non violent de la manifestation en Lybie et en Syrie. En Egypte ce sont les Frères musulmans qui ont essayé de tourner la révolution à leur profit. Ils ont pris le pouvoir et l’armée les a chassés. Les véritables responsables des morts, des blessés et des déplacés sont les infiltrés violents et l’armée.
Michel Monod, Le Lignon, membre du comité du CENAC et du GSSA