La non-violence, c’est d’abord le respect de soi et d’Autrui. Elle peut se résumer par la formule : «Ni hérisson ni paillasson !». Ne pas blesser, ne pas se laisser piétiner. La non-violence refuse la violence : la mienne et celle dont je suis témoin. Au contraire du système «gagnant-perdant» qui prévaut dans nos sociétés, la non-violence privilégie le système «gagnant-gagnant».
L’action peut être individuelle ou collective. Elle est, entre autres, centrée sur la résolution des conflits. Plutôt que de les fuir, la non-violence propose d’apprendre à les gérer en tenant compte des sentiments, des besoins et des valeurs de toutes les parties prenantes. Les règles communes sont définies de manière à satisfaire les un-es et les autres. Elle permet ainsi de vivre les conflits comme des opportunités de construire des relations plus justes, plus équilibrées.
En faisant face au conflit et en refusant la légitimité accordée à la violence ou en dénonçant ses causes, la non-violence s’oppose à la lâcheté. Elle exige ainsi beaucoup de courage et surtout d’agir au plus près de sa conscience. Si la violence recherche la justice et la liberté («Si tu veux la paix, prépare la guerre»), la non-violence y parvient concrètement par la négociation, en rompant avec la spirale de la violence.
La non-violence est d’abord une attitude. Elle consiste, entre autres, à reconnaître notre agressivité et à l’utiliser comme potentiel de lutte pour la vie (coopération, justice, solidarité) et non comme potentiel de destruction (système “gagnant-perdant”). De nombreuses pistes rendent possible l’apprentissage de la non-violence afin de la vivre, au mieux, quotidiennement. La non-violence est aussi une méthode d’action, aux modalités multiples et variées. En tant que moyen de résolution des conflits, la non-violence est un outil de luttes sociales et politiques.
Pour en apprendre davantage, écoutez le Podcast de Célia Grincourt “La force de la non-violence”
Modes d’action
Gandhi (pour libérer l’Inde de la colonisation britannique), Martin Luther King (pour les droits civiques des Noir-es aux USA) ou la Dame de Rangoon Aung San Suu Kyi (quant à la démocratie en Birmanie) sont des figures de la non-violence. L’expérience de nombreuses luttes a montré l’efficacité de la stratégie de l’action non-violente.
Nombreux sont les modes d’action permettant aux hommes, aux femmes et aux peuples de recouvrer leur dignité et de défendre leur liberté :
- L’objection de conscience. Parmi les réfractaires à l’armée, il y a des personnes refusant d’exécuter leur service militaire pour des questions de conscience. Beaucoup d’objecteur-trices ne se contentent pas de refuser l’armée, mais mettent en avant l’utilité d’un service civil de remplacement.
- L’information de l’opinion. Il peut devenir nécessaire de porter un conflit devant l’opinion publique en vue d’une large adhésion à une cause. Les mères «Folles de la Place de mai» se réunissent depuis 1977, à Buenos Aires, pour savoir ce que sont devenus leurs enfants disparus. Cette lutte non-violente a reçu un soutien international.
- La médiation. Parents, ami-es ou encore élèves peuvent apprendre à devenir médiateur ou médiatrice. Ce sont des personnes extérieures permettant de rétablir la communication entre les parties prenantes d’un conflit. L’objectif n’est pas de prendre position, mais de favoriser l’expression de tous et de toutes dans le but de trouver une solution commune.
- La non-coopération. Une femme opprimée par son mari, si elle ne fait rien pour mettre fin à cette situation, “collabore” avec lui, malgré elle. Rompre le silence, c’est déjà mettre fin à cette “collaboration”. Un peuple opprimé par son gouvernement collabore à son maintien au pouvoir et à sa prospérité par son travail, sa soumission, ses impôts. Le refus de voter peut être dans certains cas un moyen d’exprimer son refus d’un jeu électoral. La grève est une forme de non-coopération à l’égard de la production. Le renoncement à des titres et décoration est aussi une forme de non-coopération.
- La désobéissance civile. La non-coopération légale devient désobéissance civile lorsqu’elle est interdite par le pouvoir en tant que telle. C’est le cas de toutes les formes de non-coopération à l’impôt ou des occupations de logement, dont le but est d’agir pour plus de justice sociale et politique. Pour défendre les pauvres, Robin des bois a recouru à la désobéissance civile.
- L’obstruction civile. Elle désigne des formes d’action qui consistent non plus seulement à refuser de coopérer, mais aussi à faire obstacle aux projets de l’adversaire et au fonctionnement de son système. Elle permet de retarder la réalisation de certains projets, voire à leur ôter tout intérêt. Greenpeace recourt à l’obstruction civile en bloquant des trains comportant des déchets radio-actifs.
La non-violence au quotidien
© Non-violence Actualité (NVA)
Avoir une attitude non-violente, c’est possible ! Cela implique, entre autres, de rompre avec des habitudes acquises dès le plus jeune âge et, surtout, d’accepter de faire face au conflit. Il s’agit notamment de :
- S’exprimer sans empiéter sur le territoire de l’autre
- Ne pas attribuer d’étiquettes et d’écarter les préjugés
- De renouer la communication : la violence commence là où prend fin le dialogue
- Ecouter ce que l’autre veut réellement nous dire, au-delà des mots et des actes
- S’affirmer, oser dire “Non”
- Utiliser notre agressivité de manière constructive.