Jean-Marie Muller
Dans ce livre, Jean-Marie Muller rassemble les pensées d’Albert Camus au sujet de la problématique du meurtre dans le but de clarifier la position du philosophe par rapport à la non-violence.
Jean-Marie Muller est directeur des études à l’Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits (IRNC) et il a participé à la fondation du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN). Sa recherche porte principalement sur la pensée de Gandhi et le concept de non-violence.
Son livre, Penser avec Albert Camus, Chronique sociale, Lyon, 2013, présente une sélection intéressante de réflexions qui prônent la non-violence contenues dans les écrits d’Albert Camus. Ces réflexions ne se situent pas clairement dans le champ de la non-violence parce qu’Albert Camus n’a pas vraiment intériorisé la pensée de Gandhi et "n’a jamais conceptualisé la non-violence".
Mais elles abondent dans ce sens car, par contre, Camus fut, tout au long de sa vie, préoccupé par la problématique du meurtre et surtout par les justifications politiques ou idéologiques du meurtre avancées à divers moments de l’histoire. Jean-Marie Muller résume bien la mission de l’homme actuel mise en évidence par Albert Camus: "L’homme subit, impuissant, le mal naturel, mais c’est lui qui porte l’entière responsabilité du mal moral. S’il ne peut agir contre la mort, du moins peut-il agir contre le meurtre. Donc, il le doit." (p. 8).
Est-il juste de tuer à la guerre? Ou de punir par la mort? "Le meurtre est la question" qui, selon Jean-Marie Muller, structure l’œuvre entière de Camus. Autour de divers thèmes et d’occasions de méditations qui surgissent au cours de sa vie (1913-1960), "face à l’absurdité de la guerre", "face à la menace d’une guerre atomique", "face à l’objection de conscience" ou face à la peine de mort, Camus exprime son indignation envers la légitimation de l’acte meurtrier par "des idéologies du meurtre", comme les appelle Jean-Marie Muller, qui se sont développées au début du XXème siècle.
L’objet de ce livre est justement de mettre en perspective "les réflexions d’Albert Camus sur le meurtre, plus précisément sur le refus de légitimer le meurtre, au regard du principe de non-violence" (p. 9).
Le sujet du numéro 167 (2013) d’Alternatives non-violentes est dédié à ce thème, "Albert Camus ou le refus du meurtre".