La campagne "Prudence OGM" est née de la décision de la Confédération suisse de procéder, de 2008 à 2010, à des essais de blé transgénique en plein air, notamment à Pully près de Lausanne.
Pendant 3 ans, "Prudence OGM" a mené diverses actions de sensibilisation du public… et des chercheurs concernés : conférence, débat scientifique, pétition sous forme de banderoles, encerclement du terrain expérimental le jour du premier semis, manifestation contre Monsanto, présence devant le Palais fédéral lors du débat sur le prolongement du moratoire sur les OGM… 49 lettres d’information ont été envoyées, à une liste qui a dépassé les 700 destinataires.
Faute de forces et d’actualité brûlante, cette campagne a été mise en veilleuse à fin 2010. Elle a été close en 2013, tout en gardant un contact avec Stop OGM, pour le cas où la fin du moratoire, en 2017, susciterait un regain d’intérêt pour une campagne non-violente de ce genre.
Archives Prudence OGM
Positionnnement
Positionnnement
- Nous vivons en conscience les OGM comme une atteinte à l’ordre du vivant; ils mettent en danger l’agriculture et sont porteurs de violences économiques, sociales et environnementales.
- Nous sommes choqués par les méthodes utilisées pour nous les imposer en faisant prévaloir des intérêts économiques particuliers sur toute autre considération: éthique, scientifique, principe de précaution…
- A nos yeux, toute dissémination d’OGM est hasardeuse; elle suscite notre réprobation au vu du risque —fût-il faible— de contamination qu’elle comporte. Nous ne nous résignons qu’à celles menées dans des buts de recherche fondamentale publique, par des chercheurs respectant toutes les précautions requises, indépendants de fait et d’esprit, transparents à l’égard du public.
- Cependant nous dénonçons les insuffisances et l’orientation tendancieuse du Programme National de Recherche actuel (PNR 59), qui élude les enjeux sanitaires mais s’étend sur l’hypothèse d’une coexistence de cultures avec et sans OGM; nous redoutons d’autre part que les résultats de recherches agronomiques extrêmement partielles et ponctuelles ne soient extrapolés et utilisés à des fins propagandistes.
- Nous nous faisons ainsi les avocats de celles et ceux qui, en votant le moratoire, se sont opposés à la dissémination d’OGM dans la nature, l’agriculture et l’alimentation. En conséquence, nous nous opposons fermement et de manière non-violente à cette dissémination.
Ce positionnement s’appuie sur un argumentaire et fonde ses modalités sur une charte.
Lausanne, mars 2008, rév. août 2009
Charte
Charte
A. Principes dirigeant L’action De PRUDENCE OGM
1. Nous critiquons le programme de recherche sur les OGM (PNR59)
a. pour les problèmes technologiques qu’il pose1,
b. pour la partialité des recherches sociologiques qui visent une acceptation des OGM par les citoyen-ne-s,
c. et plus largement pour les problèmes idéologiques, éthiques et économiques qu’il symbolise à nos yeux2.
2. Nous respectons les lois – mais pas au prix de notre conscience
a. Dans la mesure où les tribunaux, en dernière instance, interprètent la dissémination expérimentale d’OGM en plein champ comme compatible avec la loi en vigueur et avec le moratoire, nous en prendrons acte.
b. Mais nous estimons que la volonté du peuple suisse n’est pas suivie: en votant le moratoire il croyait dire Non aux OGM dans nos assiettes et dans nos champs. Il acceptait la recherche, mais en pensant uniquement à des laboratoires !
c. Nous mettrons donc en avant la légitimité de notre résistance, légitimité qui est d’un ordre supérieur à l’ordre de la légalité.
3. Nous privilégions le dialogue et la négociation à l’action directe
a. Nous souhaitons poursuivre le dialogue avec les chercheurs impliqués dans cette recherche, à la recherche de solutions gagnant-gagnant.
b. Nous privilégions aussi la recherche de solutions politiques à l’action directe: si les pouvoirs publics (commune, canton, confédération) parviennent à stopper tout ensemencement en plein champ, nous leur laisserons sans autre cette responsabilité.
c. Nous comprenons le propos des chercheurs qui, en ne prenant strictement aucun risque, se priveraient des possibilités de vérifier les éventuels dangers des cultures OGM. C’est pourquoi, provisoirement, si les tribunaux devaient leur accorder l’autorisation de semer et tant que nous obtiendrons des réponses satisfaisantes à nos inquiétudes principales, nous ne tenterons pas de perturber leurs expériences, tout en manifestant par des moyens appropriés notre opposition fondamentale aux OGM.
d. Mais si nous acquérons la conviction que les risques encourus sont disproportionnés face aux apports de l’expérience, nous exigerons l’arrêt de l’expérience en plein champ et envisagerons des moyens d’action proportionnés pouvant aller jusqu’à la désobéissance civile.
4. Situation d’urgence
a. S’il arrivait que les chercheurs de Changins (ou plus généralement le PNR59) maintiennent leurs expériences en plein champ alors que nous en aurions exigé l’arrêt immédiat, ils nous mettraient en situation d’urgence.
b. Nous ne pourrions donc plus que choisir entre:
- fouler aux pieds les commandements de notre conscience,
- ou nous mettre dans l’illégalité.
Notre éthique nous commanderait alors de choisir la 2ème option.
5. Nous accepterons la sanction pénale de nos éventuelles désobéissances civiles
Si nous nous trouvons dans l’urgence et que nos moyens non-violents devaient par conséquent monter en puissance, nous accepterons la sanction pénale que les juges fixeront à notre désobéissance civile.
6. Appel à la conscience du public
Nous en appelons à la conscience du public pulliéran, vaudois, suisse, international qui prend connaissance de nos actions et des sanctions pénales qui pourraient en résulter, pour faire pression sur le monde politique afin qu’une solution politique soit trouvée à cette situation.
7. Nous refusons toute sanction civile des conséquences de nos éventuelles désobéissances civiles
Puisque nous estimons nos adversaires responsables de la situation d’urgence dans laquelle nous pourrions nous trouver, nous refuserions vigoureusement toute demande d’indemnité ou autre sanction civile pour les éventuels dégâts commis aux plantes OGM ou au champ dans lequel elles auront été semées.
B. Modalités d’action
8. Une action strictement non-violente
Pour toute action que nous mènerons dans cette campagne, nous nous en tiendrons strictement aux principes de la non-violence gandhienne, dont nous rappelons ci-dessous les points les plus pertinents dans notre présente situation.
9. Aucune violence contre quiconque
a. Nous refusons de commettre quelque violence que ce soit à l’égard de nos adversaires, quelle que soit par ailleurs leur conduite à notre égard: ni physique, ni verbale (insultes), ni morale (mise en doute de leur honnêteté).
b. En tout temps et en tout point, nous garderons à leur égard une attitude de respect, qui rappelle leur humanité comme la nôtre et qui les invite à revenir au dialogue, à la négociation.
c. En particulier, dans nos critiques nous distinguerons soigneusement chaque personne des actes qu’elle commet: condamnant peut-être les actes, mais dans le respect de la personne qui les commet.
d. Nous refusons aussi toute violence à l’encontre des policiers ou gardes privés que nous trouverons face à nous lors de nos actions. Ces personnes sont payées pour faire respecter un ordre légal; nous reconnaissons leur besoin d’accomplir leur mission à satisfaction de leur employeur (l’Etat, la commune ou un mandataire privé).
e. Par notre attitude et nos paroles, nous nous efforcerons en permanence de susciter l’intérêt, la compréhension et même la sympathie de ces forces de l’ordre.
f. Nous agirons de même à l’égard du public qui pourrait parfois observer nos actions et les critiquer ou même s’y opposer, des personnes qui nous écriront ou téléphoneront, de celles qui commenteront nos actions dans les médias, etc.
g. Aucun comportement de nos adversaires, des forces de l’ordre ou du public ne peut justifier que nous agissions de même à leur égard.
10. La fin ne justifie pas les moyens
Notre action se fonde sur une objection de conscience et s’oppose à des pratiques économiques, technologiques, politiques et de la recherche que nous jugeons fondamentalement violentes, c’est-à-dire contraires à la vie. Logiques avec nous-mêmes, dans notre action nous nous interdisons toute pratique qui serait contraire à notre conscience ou constituerait une violence.
11. Agir à visage découvert
a. L’action non-violente refuse le secret. Sa force ne réside pas dans un effet de surprise, mais dans la vérité qu’elle exprime et met en évidence, directement ou symboliquement.
b. Nous nous engageons donc à annoncer à l’avance chacune de nos actions, de manière à ne prendre par surprise ni nos adversaires, ni les forces de l’ordre.
c. Dans ces annonces nous ferons savoir la nature de l’action projetée, le lieu, la date et l’heure, ainsi que la durée désirée.
d. Dans nos négociations avec les forces de l’ordre, nous insisterons pour que ces données clairement communiquées, jointes à notre assurance d’une non-violence strictement observée, nous valent en retour un peu de patience et de compréhension.
12. Un objectif précis, limité et raisonnable
a. Notre campagne ne vise pas l’abandon des recherches sur les OGM ni rien d’aussi général: Nous demandons uniquement que le programme de recherche (PNR59) – financé par des fonds publics – se plie à l’esprit du moratoire, en garantissant l’impartialité de ces recherches, notamment sociologiques, en ajoutant une étude des risques sanitaires (qui est la préoccupation prioritaire des gens), et en observant une prudence maximale sur les deux champs expérimentaux (Pully et Reckenholz).
b. Le PNR doit clairement informer la population sur les risques encourus et les effets constatés des expériences en plein champ, en prenant l’initiative d’actions informatives grand public.
13. Appel à l’opinion publique
a. Nous appelons toute personne ou organisation qui partage nos préoccupations, nos buts et la présente charte d’action, à se joindre à nous et à nos actions.
b. Nous en appelons à toute personne ou organisation qui ne pourrait pas prendre part directement à nos actions, à les soutenir par tous les moyens non-violents à sa portée: messages de soutien, lettres aux autorités politiques, aux dirigeants du programme de recherche, dépôts d’interpellations urgentes (pour les députés ou membres de conseils communaux), etc.
c. Nous insistons que sur la forme et sur le fond, toutes ces actions de solidarité respectent le même esprit de non-violence que nous nous imposons par la présente charte.
d. Nous invitons également le public à nous faire des dons, qui serviront à couvrir nos frais de campagne et nos éventuels frais de justice, en cas de procès pour désobéissance civile.
14. Appel aux médias
a. Nous appelons les médias à rendre compte fidèlement et sans parti pris de nos actions, de l’esprit qui les anime, et des réactions qu’elles suscitent.
b. Nous les appelons eux aussi à respecter les principes de la non-violence, tant à l’égard de nos adversaires qu’à notre égard.
C. Principes d’organisation
15. Démocratie et consensus
a. En tant que mouvement d’action, nous respecterons entre nous les principes d’écoute, de dialogue, de franchise qui font la solidité d’une démocratie.
b. Nos décisions seront prises en assemblées – réelles ou, lorsque nécessaires, virtuelles (e-mail), par consensus des personnes et des organisations qu’elles représentent.
c. En cas d’impossibilité avérée de consensus entre nous au sujet d’une décision, une nouvelle assemblée sur le même sujet sera convoquée dans un délai maximum d’une semaine, pour permettre aux émotions de se tasser et à nos esprits d’imaginer des pistes pour sortir de l’impasse.
d. Si la 2ème assemblée n’arrive toujours pas à un consensus, l’échec de celui-ci sera déclaré ouvertement et annoncé publiquement, et notre mouvement sera scindé selon les lignes correspondant aux tendances exprimées sur la question litigieuse.
e. Une fois une action décidée, un groupe restreint sera nommé pour en dicter les modalités et directives précises.
f. Toute personne – physique ou morale – engagée dans la campagne aura droit à faire des remarques et suggestions sur ces modalités et directives, mais non pas à y mettre son véto.
g. Si une personne – physique ou morale – ne peut être satisfaite dans ses demandes (cf. § 15.f.), elle aura droit à déclarer sa non-adhésion à l’action dont il est question, indépendamment de son droit à complètement quitter la campagne globale.
h. Lorsqu’une personne – physique ou morale – a déclaré ainsi sa non-adhésion à une action, la campagne veillera à ce que son nom ne soit jamais utilisé ou cité dans le cadre de ladite action.
16. Respect des consignes
a. Une fois une action lancée, toute personne – physique ou morale – participant à la campagne s’astreindra à en suivre scrupuleusement les directives données, tout en observant l’esprit de la présente charte.
b. En particulier, en cas d’action physique sur le terrain, toute consigne – même imprévue, pourvu qu’elle respecte la présente charte – donnée par une des personnes encadrant l’action devra être suivie immédiatement par tous les participants. Il en va de notre sécurité autant que de notre crédibilité!
c. Les éventuelles critiques sur l’opportunité ou la justesse d’une consigne seront gardées pour le temps d’évaluation de l’action.
Lausanne, le 20 mars 2008 (rév. 3 avril 2008) (rév. août 2009)
1 Il s’agit des " problèmes liés à la technologie OGM elle-même ", dans notre argumentaire.
2 Il s’agit de tous les autres problèmes cités dans notre argumentaire.
Argumentaire
Argumentaire
Cet argumentaire est sommaire et montre notre base de réflexion. Outre de nombreux ouvrages et articles publiés ces dernières années sur le thème des OGM, nos sources principales sont:
- le site de StopOGM
- celui de la FAO Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture
- ceux de Greenpeace
- celui de «Food and Democracy»
- celui du PNR 59
- le film et le livre de Marie-Monique Robin: « Le monde selon Monsanto »
- celui de l’« Initiative sans OGM ».
Nous avons une approche systémique de la thématique des OGM. Même si cet argumentaire est divisé en plusieurs parties, celles-ci sont liées entre elles.
A. Problèmes liés à l’idéologie et à l’application des OGM
Mythe du manque mondial de nourriture
Selon la FAO (2006), avec les technologies non OGM actuelles la Terre pourrait nourrir 12 milliards d’humains. Ce n’est pas la nourriture qui manque: c’est l’accès à la terre et aux petits crédits; c’est la mauvaise répartition des richesses et de la nourriture qui cause la faim dans le monde.
Mythe de la solution par le génie génétique
Selon Greenpeace, "il existe déjà des espèces cultivées de manière conventionnelle qui sont résistantes aux champignons, et des maladies fongiques comme l’oïdium sont avant tout un problème lié aux méthodes de culture intensive." La sécurité est dans la biodiversité!
Mythe de la réduction d’usage de pesticides
Du côté des herbicides: si, dans un premier temps, les OGM résistant à un pesticide – par exemple au " Roundup " (pesticide phare de Monsanto) – permettent une réduction d’épandage dudit pesticide, cet avantage se perd au bout de trois ou quatre ans. Par ailleurs, le " Roundup " hautement toxique entre dans la chaîne alimentaire via le sol et les nappes phréatiques, mais aussi via les plantes résistantes à ce produit, car elles sont aspergées par ce dernier.
Du côté des insecticides: les OGM permettant d’éviter l’épandage d’insecticides les produisent en réalité eux-mêmes (le gène inséré étant à l’origine d’une " protéine insecticide "), mais les législations américaine et européenne sont telles que ces OGM ne subissent pas de tests toxicologiques au même titre que les insecticides. Ces OGM-insecticides posent un problème capital: il est impossible de réguler l’insecticide, celui-ci étant produit 24h sur 24 par la plante. Ainsi, l’environnement subit une pression constante et les conséquences potentielles et avérées sont nombreuses.
Mythe du moindre impact environnemental
Des scientifiques ont démontré l’impact négatif de certains types de culture OGM (Coton Bt) d’une part sur la microflore du sol, essentielle pour la qualité des cultures, d’autre part sur des insectes non nuisibles du maïs (comme le papillon monarque) ou sur des "organismes non ciblés" comme des oiseaux1.
B. Problèmes liés à l’industrie des OGM
L’agriculture «biotechnologique» est une prolongation de l’agriculture intensive. Toutes les deux provoquent entre autres des problèmes de pollution chimique (des sols, des eaux, des nappes phréatiques, de la chaîne alimentaire) ; elles causent aussi l’augmentation des surfaces cultivées en monoculture, la dépendance des agriculteurs face aux semenciers, la diminution du nombre de petites exploitations agricoles, etc. Ce type d’agriculture aujourd’hui prédominant est jugé non durable par 400 chercheurs réunis dans l’IAASTD (voir www.agassessment.org/docs/iaastd_exec_summary_jan_2008.pdf).
- Nous dénonçons la toute-puissance de quelques multinationales: Monsanto, Syngenta… 60% de toutes les semences OGM utilisées sur la planète proviennent de 5 firmes seulement! Un système économique que nous rejetons.
- La politique de contrôle de ces multinationales sur les semences (notamment par le gène «terminator») entraîne la misère de nombreux paysans: faillites aux USA, suicides d’agriculteurs en Inde (17’000 rien qu’en 2006 selon certaines sources!)
- Politique de la tricherie (études scientifiques faussées), du mensonge (résultats d’études faussés ou dissimulés), de la calomnie (dénigrement orchestré de scientifiques osant contredire la «sainte parole» des multi), de l’abus de pouvoir (pénurie orchestrée de semences non-OGM, en Inde par ex.): un vrai condensé de violence sociale.
- Le principe «pollueur-payeur» ne s’applique que très rarement aux OGM. Ainsi, c’est aux paysans voulant déclarer leurs produits «sans OGM» ou «biologiques» de payer les tests prouvant l’absence partielle ou totale d’OGM dans leurs produits. C’est aux paysans américains liés par brevets à des firmes telles que Monsanto de payer des amendes si leur champ est contaminé (voir le combat exceptionnel de Percy Schmeiser à ce sujet). C’est une forme de violence morale et financière grave.
C. Problèmes liés à la technologie OGM elle-même
- Migration du gène implanté à d’autres espèces: même si les scientifiques étudient à fond l’innocuité de la plante modifiée, ils ne savent rien de l’éventuelle nocivité des variétés et espèces «contaminées».
- L’insertion de la construction génétique qui sert à produire des OGM est hasardeuse. Les conséquences de cette insertion hasardeuse ne peuvent être connues d’avance et ne sont pas maîtrisées. Ainsi, par exemple, la migration du gène implanté à d’autres endroits du génome peut faire apparaître des «monstres» lorsque ce gène se fixe à d’autres endroits du génome dans la variété modifiée elle-même ou dans d’autres variétés, voire dans d’autres espèces contaminées.
- Par ailleurs, de sérieux problèmes peuvent résulter de l’utilisation de «vecteurs» lorsqu’on veut insérer une construction génétique dans un organisme ; en effet, ces «vecteurs» sont issus de parasites génétiques naturels (virus, par exemple) qu’on a artificiellement désactivés lorsqu’ils sont pathogènes, mais sans garantie qu’ils ne se réactivent pas quand ils sont insérés dans un nouvel organisme.
- A long terme, c’est l’inconnu complet sur les effets de ces gènes "mal fixés" sur les génomes de l’ensemble du règne vivant, homme compris, et sur leurs organismes !
D. Quelques problèmes liés au PNR59
Le PNR 59 ne cherche pas à connaître les éventuels effets sanitaires des OGM (voir www.pnr59.ch/f_portrait_details.cfm). C’est pourtant une question cruciale de la thématique des OGM qui intéresse les citoyens au plus haut point. Cette question est d’autant plus percutante que diverses études ont déjà montré des effets sanitaires négatifs sérieux sur des organismes ayant consommé des OGM ou des produits en dérivés. ROBIN (2008)2 ou encore SMITH (2003 > 2007)3 en citent plusieurs cas.
Curieusement, le PNR 59 se penche par contre sur des questions d’acceptabilité et de prises de décision en lien avec les OGM4. Selon nous, un programme de recherches qui
- est financé par des fonds publics,
- porte sur des éléments biologiques destinés notamment à l’agriculture et, à moyen ou à long terme, à la consommation humaine directe ou indirecte,
- et qui comporte certains risques (environnementaux, sanitaires et autres) encore en grande partie inconnus,
devrait se concentrer sur les aspects environnementaux et sanitaires des plantes en question ainsi que sur les conséquences sociales, économiques, politiques de leur éventuelle commercialisation. Par contre, un tel PNR ne devrait pas donner lieu à des études qui servent visiblement à préparer l’introduction des OGM dans l’agriculture suisse par une campagne en leur faveur.
Le PNR 59 constitue, pour le Parlement fédéral, la base de décision pour une prolongation, ou non, du moratoire sur les cultures GM en Suisse. Or, comme l’affirme le site du PNR 59, ce programme ne saurait donner « de réponse définitive à la question de savoir s’il faut permettre ou interdire la dissémination commerciale des OGM en Suisse » ; et cela même si, « en fournissant des données scientifiques, il contribuerait à une discussion plus rationnelle dans ce processus de décision politique » (www.pnr59.ch). Comme l’affirme également ce site, « une généralisation à d’autres OGM à partir des études faites à Pully sur leur blé génétiquement modifié n’est pas possible ».
Lausanne, le 20 mars 2008, rév. août 2009, janv. 2010
1 Ces études ont amené le Commissaire européen à l’Environnement, M. Stavros Dimas, à demander le 25.10.2007 l’interdiction de la culture des maïs Bt11 et 1507, respectivement des firmes Syngenta et Pioneer/Dow.
2 ROBIN Marie-Monique, 2008 : Le monde selon Monsanto. De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien, Paris : Editions La Découverte ; Issy-les-Moulineaux : ARTE Editions.
3 SMITH Jeffrey M., 2007 (traduction de l’édition originale en anglais de 2003) : Semences de tromperies. Dénoncer les mensonges de l’industrie agrochimique et des autorités sur la sécurité des aliments transgéniques, Paris : MYOHO.
4 Comme illustration, voici un extrait du descriptif d’une question de recherche du PNR 59 : «Comment le dialogue avec le public sur la génie génétique doit-il être conçu?» : «La politique d’information des pouvoirs publics et des chercheurs soulève fréquemment de vives controverses, par exemple sur les tentatives d’autorisation des plantes génétiquement modifiées. Pourquoi la communication à l’attention du public a-t-elle échoué?» (http://www.pnr59.ch/f_popupprojekte.cfm?id=177&pid=174,177&person=1047) Si la communication à l’attention du public a «échoué», on doit comprendre que le but de cette communication est l’acceptation des OGM «dans nos champs et dans nos assiettes»…