Les modes d’action passent outre les frontières de la légalité de plus en plus fréquemment depuis trentaine d’années, ce livre analyse cette évolution de la contestation sociale d’un point de vue des sciences sociales et de la philosophie politique.
Il y a une « tendance » à plus d’extralégalité (terme préféré à celui d’illégalité), démontrée par le développement de l’hacktivisme (piratage informatique militant), la multiplication des « zones à défendre » (ZAD), la prolifération des actions de désobéissance civile et la criminalisation de formes de lutte autrefois reconnues par l’État. Le terme « désobéissance » est de plus en plus employé pour des pratiques qui auparavant ne se définissaient pas ainsi, ou s’ignoraient. Son champ sémantique incite à rassembler des expériences autrefois disparates.
La désobéissance civile est définie comme une action « politique, extralégale et non-violente ». Ces concepts sont étudiés et clarifiés, la non-violence y tient une place importante. Il est particulièrement intéressant de relever le caractère toujours relatif de la non-violence, car il nous est impossible de faire totalement abstraction des rapports de violence que nous avons absorbés et intériorisés, et que nous reproduisons dans nos actions (p. 50-53). Nous ne vivons pas en démocratie, mais bien plutôt en oligarchie. Les désobéissants ne s’affrontent donc pas à la société démocratique, mais à ses lois imparfaites.
Dans une troisième partie, l’auteur développe le concept de « civilité », qui restaure l’altérité là où la paix et la guerre l’abolissent (par la fusion ou l’élimination).
Un livre parfois complexe, qui permet de mieux comprendre les liens entre « désobéissance » et « non-violence », leurs significations et l’évolution de leur utilisation dans la société (essentiellement en France)
Référence complète
Manuel Cervera-Marzal, Les nouveaux désobéissants : citoyens ou hors-la-loi ?, Le Bord de l’eau, 2016, 156 p. ISBN: 978-2-35687-452-8
Cote CENAC : 322.44 CER 2
Notice du catalogue
Michel Mégard / 26.09.2018