Publié dans le courrier des lecteurs du 23.11.2020 – 24 Heures
En mettant simultanément à l’ordre du jour les votations sur l’initiative Multinationales Responsables, et sur l’initiative contre le financement des producteurs de matériel de guerre, le Conseil fédéral a peut-être espéré susciter un double non. Tombés entre-temps, les résultats extrêmement serrés du vote sur l’achat d’avions de combat, en septembre dernier, nous font au contraire espérer que cela favorisera un double oui.
La devise du Centre pour l’action non violente (CENAC), «Ni hérisson, ni paillasson», ne pas blesser, ne pas se laisser piétiner, illustre le double impératif des approches promouvant la non-violence: d’une part une ferme volonté de non-agression, qui dissuade évidemment de financer les fabricants et vendeurs d’armes; d’autre part le refus de se taire devant l’injustice, impliquant de dénoncer les entreprises et gouvernements coupables de crimes graves contre l’être humain et son environnement.
Généralement pas considérée comme une puissance coloniale, la Suisse a cependant toujours contribué à l’exploitation des ressources rares dans les pays défavorisés, avec toutes les violences, les violations des droits humains et les dégâts environnementaux qui y sont liés. Cessons donc de détourner les yeux des conditions dans lesquelles sont produites ces ressources; et, question de cohérence, cessons également de développer les armes dont les régimes peu scrupuleux ont besoin pour asservir les populations défavorisées au profit de notre appétit de richesses: je voterai deux fois oui!
Luc Vodoz, Centre pour l’action non violente (CENAC), Lausanne