Publié chez L’Harmattan dans la collection « Discours identitaires dans la mondialisation », ce livre est un véritable ovni au pays de la littérature sur la non-violence – au début je me suis demandé ce que le mot « non-violence » faisait dans le titre. Le long sous-titre donne une indication : Non-violence et traits culturels et identitaires dans le monde globalisé du XXIème siècle. Une seconde indication apparaît dans l’introduction : Dans ce recueil d’articles, nous nous attacherons à examiner les racines culturelles qui ont permis l’émergence d’un mouvement non-violent.
Les sujets des huit articles sont : Aristote, Locke, La Boétie et Shelley ; Luis Villoro (philosophe mexicain) ; la lutte anti-esclavagiste en Mauritanie (grèves, sit-in) ; une déclaration d’un croyant musulman ; l’image afro-américaine dans un livre de Toni Morrison ; l’écologie profonde du philosophe norvégien Arne Næss ; l’ermitage orthodoxe Optina (lié à Tolstoï) ; les Kabyles en Algérie.
Un trait relevé chez Morrison est « l’amour » : L’amour, projeté contre l’agressivité de l’histoire de la violence et le trauma de l’esclavage, devient ainsi le moyen le plus efficace de s’affirmer et de compenser, d’une manière ou d’une autre, ce trauma (M.-S. Draga Alexandru, p. 84).
Le chapitre d’Étienne Galle sur Arne Næss est le plus explicite, s’attachant à plusieurs concepts : « l’action belle » de Kant, la « communication verbale non-violente gandhienne », « l’imaginaire chthonien » et le féminin, l’intuition, Spinoza, le bouddhisme, la Gestalt, la « réalisation de soi », deux pages sont consacrées à la défense non-militaire.
Natalia Naydenova relève le vocabulaire simple, la narration ascétique et le style laconique de certains mémoires écrits sur Optina, reflétant l’absence d’un quelconque désir de moraliser ou de chercher des coupables (p. 123).
Dans sa conclusion, Jean-Pierre Benoit (journaliste retraité de l’AFP) relève qu’à toutes les époques, des hommes et des femmes se sont levés sans arme et sans violence pour dire non, “à mains nues”.
Michel Mégard, 9 août 2019
Référence complète : Sous la direction de Madhu Benoit et Jean-Pierre Benoit, Non violence : combats d’hier et de demain : Non-violence et traits culturels et identitaires dans le monde globalisé du XXIème siècle, L’Harmattan, Paris, 2017. 158 p. ISBN : 978-2-343-12313-4
Cote CENAC : 294.3 FAL
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