Un magnifique témoignage, un pavé de 255 pages, une description minutieuse pour une extraordinaire histoire de résistance civile. La police, l’armée, les politiciens et la justice ne parviennent pas à imposer un aéroport pharaonique à 20 km au nord-ouest de Nantes.
Cet ouvrage décrit en particulier les 10 ans d’occupation (la « zad », zone à défendre, terme né en 2009) et les nombreuses formes de résistance, les manifestations de soutien sur place et ailleurs (dont le 11 mai 2013 une chaîne humaine de 40’000 personnes sur 25 km). Il rend hommage aux militants chevronnés comme à celles et ceux qui ont spontanément refusé le bétonnage d’une zone humide.
« Attention, dans cette histoire, il y a de la violence. Beaucoup. Pas toujours du côté qu’on pense » (p. 7). L’aéroport ne se construira pas et une utopie a pris racine : « Une manière singulière de vivre et d’organiser un territoire commun s’est bâtie. Dans les fermes occupées et toutes les cabanes construites, des modes d’habiter, de travailler, de penser ensemble se sont inventés librement » … l’économie (les échanges), le politique (les assemblées), les savoir-faire, les « chantiers collectifs pour entretenir haies, routes, chemins et forêts ».
Le collectif de quatre auteur-e-s, dont deux qui vivent dans la zad, ne se prétend pas neutre ou distant. Ce livre veut « brosser un portrait sensible de l’évolution de la zad, de ses perceptions par les un-e-s et les autres, comme des imaginaires qui en naissent ».
Les plans qui illustrent chaque chapitre sont incroyables de précision, ils décrivent les habitats et les projets répartis sur environ 8 km de long et trois de large, les lieux d’affrontement, les manifestations principales. Les photographies et dessins donnent vie au récit. Un panonceau déclare : « si tu sais faire un cocktail, tu sais faire la vaisselle ».
Michel Mégard, 5 avril 2019
Référence complète :
Collectif comm’un : Habiter en lutte : Zad de Notre-Dame-des-Landes, 40 ans de résistance, Le passager clandestin, 2019, 255 p. ISBN : 978-2-36935-219-8